1.3 L'influence des appareils mobiles
L’avènement des smartphones et des tablettes a révolutionné notre interaction avec la technologie, en introduisant des interfaces tactiles et des capteurs de mouvement qui ont profondément ancré les gestes dans notre usage quotidien du numérique. Ces appareils ont démocratisé une forme d’interaction plus directe et intuitive, préparant le terrain pour l’adoption des interactions gestuelles en réalité virtuelle, comme le dit l'article de TKLN (3) : "Nous sommes tous familiers et adeptes du langage tactile, la langue maternelle de nos smartphones et tablettes. Avec les nouvelles technologies de réalité virtuelle ou augmentée, le langage tactile est par contre lui aussi amené à évoluer."
Interactions tactiles directes : le langage du toucher
L’écran tactile a introduit un nouveau vocabulaire d’interactions basées sur le contact direct avec l’interface :
Tapoter (Tap) : Une brève pression du doigt sur l’écran, utilisée pour sélectionner des éléments, activer des boutons ou exécuter des actions simples. C’est l’équivalent du "clic" de la souris, mais réalisé directement sur l’objet virtuel.
Tapoter (Tap), (Source: Pixabay)
Glisser (Swipe) : Un mouvement continu du doigt à travers l’écran, utilisé pour naviguer entre les pages ou faire défiler du contenu. Ce geste est devenu une manière naturelle de parcourir des interfaces.
Glisser (Swipe), (Source: Giphy)
Pincer pour zoomer (Pinch-to-Zoom) : Un geste à deux doigts pour ajuster l’échelle d’un contenu.
Pincer pour zoomer (Pinch-to-Zoom), (Source: Flaticon)
Appui long (Long Press) : Maintenir le doigt appuyé pour faire apparaître un menu contextuel.
Appui long (Long Press), (Source: Google Image)
Ce vocabulaire gestuel est aujourd’hui universel, notamment parce qu’il combine efficacité fonctionnelle et expérience plaisante d’usage, un principe hérité du jeu vidéo. Comme l’indique Joakim Maeda Palm, les développeurs de jeux mobiles mettent davantage l’accent sur la spontanéité et la fluidité que sur une planification rigide du design, car “Les jeux ont l’exigence d’être « amusants », et c’est une exigence vague qui distingue le développement de jeux du développement logiciel traditionnel.” (1). Cette exigence de plaisir se retrouve dans le soin apporté aux animations, au rythme des interactions et aux rétroactions visuelles et sonores.
Interactions basées sur le mouvement de l’appareil
Les gyroscopes et accéléromètres des appareils mobiles ont permis d’élargir l’éventail des interactions :
Inclinaison (Tilt) : Pour contrôler un véhicule ou naviguer dans un menu par bascule physique du téléphone.
Inclinaison, (Source: Google Image)
Secouer (Shake) : Pour annuler une action ou déclencher une fonction contextuelle.
Secouer (Shake), (Source: Giphy)
Rotation (Rotate) : Pour changer de perspective ou d’affichage, entre mode portrait et paysage.
Rotation (Rotate), (Source: Google Image)
Les fondations d’une gestuelle naturelle
L’omniprésence des interfaces tactiles dans nos vies a conduit à un apprentissage implicite mais profond des gestes numériques. Aujourd’hui, un simple glissement de doigt ou un pincement est compris de manière quasi universelle, " l’utilisateur peut tenir autre chose dans sa main ce qui l’oblige à utiliser sa main faible pour interagir. [...] ce qui traduit ainsi la capacité d’adaptation des utilisateurs." (2). Ces gestes sont devenus le socle d’un langage d’interaction que la réalité virtuelle peut prolonger.
Comme le souligne Palm, les designers d’interface dans le jeu vidéo ont posé sans le savoir les bases des interfaces immersives, en travaillant sur la hiérarchie de l’information, les flux d’interaction et les rétroactions sensibles à l’action de l’utilisateur. Il précise que “Les concepteurs d'interfaces utilisateur (UI) dans les jeux travaillent sur l'architecture de l'information, les flux, les transitions, les retours visuels, autant d’éléments qui structurent désormais les interfaces immersives en réalité virtuelle.” (1). Cette continuité entre le design d’interface 2D (mobile) et le design immersif en 3D (VR) souligne un héritage technologique direct.
Enfin, la logique du juicy design, omniprésente dans les jeux mobiles et consoles, a instauré une exigence sensorielle que la VR amplifie. Palm décrit ce principe comme l’ajout de “ De grandes quantités de rétroactions audio-visuelles qui contribuent à une expérience positive du joueur.” (1), en renforçant la sensation de poids ou de pouvoir dans chaque action utilisateur.